mercredi 30 novembre 2011

Pucon, une étape pour bouger son potito

Je quitte Talca, en me demandant encore comment j'ai pu avoir la mauvaise idée de m'y arrêter, mais aussi en me disant que les (petites) erreurs font partie du voyage, et que celle-là a débouché sur une heureuse expérience chilienne à travers l'excellente hospitalité de Patricio. Et aussi ça évite d'avoir un voyage trop focalisé sur les beaux sites à voir.
Je sais maintenant que les choses sérieuses commencent, que je vais découvrir quelques-unes des plus belles régions que le Chili a à offrir. Au nord je connais bien San Pedro de Atacama (je pourrais y être guide !) et j'ai parcouru l'extrême sud en 2009, avec Torres del Paine et Punta Arenas. Je fonce maintenant vers le sud moins extrême, la partie nord de la Patagonie chilienne et quelques idées derrière la tête.

Arrivé à Pucon en début de soirée, après quelques longues heures de bus passées à côté d'une chilienne un peu simplette et très excitée par ce qui devait être son premier voyage en bus, je marche 10 minutes sous un ciel chargé et une petite pluie jusqu'à l'hostal choisi. Je ne suis pas déçu par la recommandation du Lonely Planet, c'est un lieu charmant, chargé de buena onda, qui donne envie de pantoufler toute la journée.

Pucon (prononcer pouconn) est une petite ville mais une capitale, la capitale des sports d'extérieur : marche, escalade, VTT, rafting, canopy, skydive... Il faut dire que sa situation est parfaite : devant, le grand et splendide lac de Villarica ; derrière, le volcan actif Villarica, cône parfaitement formé et enneigé qui crache des gaz toxiques en permanence ; tout autour, d'autres volcans somptueux actifs ou éteints, des montagnes vertes, des forêts natives et millénaires, des rivières avec leurs rapides et leurs cascades, des Parcs Nationaux plus nombreux que les villes elles-mêmes, des sources d'eau chaude alignées le long des routes à ne plus savoir choisir, des rapaces qui planent... La ville de Pucon n'a pas d'attrait en elle-même, tellement elle est concentrée sur le tourisme et sans charme, mais la vue permanente sur le volcan imposant qui fume, et les multiples bonheurs aux abords immédiats, donnent toutes les raisons d'y rester.



Je passe mon premier jour à visiter tranquillement la ville, dont le seul lieu réellement agréable est sa plage de petits cailloux volcaniques au bord du lac. Le centre se résume à une rue centrale sans charme et pleine de commerces, restaurants et agences de tourisme. Comme dans toute station touristique très développée en zone montagneuse, les magasins North Face, Columbia, Patagonia et autres s'alignent pour vendre très cher des articles moyens. Les autres rues sont paisibles et pas désagréables, mais n'appellent pas vraiment à la balade.

Je profite de ce tour pour me renseigner sur toutes les possibilités d'activités et d'excursions, et le must qui s'impose immédiatement, c'est la montée au sommet du volcan actif et enneigé Villarica. La condition c'est qu'il fasse beau, et c'est justement prévu pour demain. On me fait comprendre qu'il faut saisir cette chance et ne pas attendre. Un peu à regret de ne pas pouvoir buller un jour de plus, je m'inscris pour le lendemain et me retrouve à 6h45 du matin devant l'agence, le sac rempli par les crampons, le piolet, le casque, les vêtements spéciaux anti-froid ... et le masque à gaz.
Le beau temps est bien là, on file donc en minibus au pied du volcan et on démarre l'ascension dans la neige, sans corde puisque ce n'est pas un vrai glacier, mais en file indienne. Et toutes les agences ont évidemment profité du beau temps, nous ne sommes donc pas seuls. Nous sommes probablement une centaine à monter ! La montée n'est ni totalement facile, à cause de la neige et des crampons, et surtout du vent puissant qui coupe presque la respiration ; ni difficile en comparaison avec une vraie ascension  sur glacier de haute montagne. D'ailleurs le volcan ne culmine qu'à 2840 mètres, il est enneigé quasiment depuis sa base à 1500 mètres. Assez étonnant pour moi qui ai quitté récemment les très hautes montagnes de l'altiplano, où l'on pouvait monter facilement à 6000 mètres sans trouver un flocon. Au bout de 4h30 de montée nous arrivons au sommet, au bord du cratère qui fume généreusement et crache ses gaz toxiques. A cause de ces gaz, difficile de voir au fond et même de s'approcher du bord, chaque seconde passée à respirer les gaz provoque une brûlure instantanée et insupportable de la gorge. Pour prendre sa photo il faut donc s'éloigner prendre une grande inspiration d'air frais, courir vers le bord en bloquant sa respiration, faire la mise au point et prendre la photo en 2 secondes, et revenir en courant pour respirer de l'air frais ... le tout avec des crampons aux pieds,  engoncé comme un bibendum dans sa combinaison spéciale haute-montagne, et gêné par le vent puissant. Pas tellement tellement facile.



De là-haut on a aussi une vue magique sur la région,  les autres volcans alentour, les lacs Villarica et Caburgua. D'ailleurs on ne peut rien faire d'autre qu'admirer puisqu'il est impossible de parler avec ce vent, on  arrive juste à crier à un autre qu'il nous prenne en photo.



Je dis toujours qu'en montagne je préfère la montée à la descente, mais celle-ci fut peut-être la meilleure que je n'aurai jamais : comme la neige qui recouvre le volcan n'est pas un vrai glacier, qu'il n'y a aucune crevasse, un des innombrables guides qui dédie sa vie à monter le volcan tous les jours (et à prendre la photo de des clients au bord du cratère) a eu la bonne idée de faire la descente en luge. Une simple pelle en plastique, et un harnais en forme de couche pour éviter de faire des étincelles avec son potito*. Et ça, tout le monde adore, surtout sur une pente qui est bien inclinée. La descente est donc envoyée en moins de 30 minutes, sensations incluses.

L'air de rien on finit quand même la journée un peu crevé, et j'ai besoin de la journée suivante pour retrouver l'énergie de visiter la zone. L'hostal invite vraiment à la paresse, et le temps aussi, nous sommes fin novembre, l'approche de l'été ne se fait pas encore sentir et un jour sur deux est pluvieux. Je sympathise avec l'administrateur, très ouvert à ses clients et qui parle bien le français.

Le lendemain je me motive pour brûler des calories en louant un vélo, définitivement mon moyen préféré de découvrir chaque étape de voyage. Après 25 kilomètres de plats face au vent et sous la pluie fine, de montées et descentes successives, j'arrive dans un tout petit patelin au bord du lac Caburgua. Du même style que le lac Villarica, cerné de montagnes vertes et plantées de sapins, avec une plage de sable volcanique ... et une envie de se poser là, à admirer en silence.



Sur le retour je m'engage sur un chemin de terre vers les Ojos de Caburgua, un ensemble de cascades qui se font face dans un décor luxuriant. Par chance il n'y a pas grand monde. Je reprends le chemin de terre en direction de Pucon, à travers la forêt, des champs, le long de la rivière Trancura, avec le lac Villarica et Pucon visibles au loin, le volcan omniprésent sur ma gauche. Une carte postale dont on ne se lasse pas, une balade qui résume la région à elle seule. Avant d'arriver à Pucon je fais un détour par Quelhue, une communauté Mapuche qui continue de vivre simplement et dans ses traditions, en ignorant superbement l'hyper-tourisme de Pucon. Quelhue est blottie au pied des montagnes rocheuses et vertes, les cochons et leurs petits se baladent en quasi-liberté, les Mapuche me saluent aimablement (ça change des communautés andines un peu fermées au nord). C'est bon un peu d'authenticité !

Le jour suivant est encore paresseux. Il se limite à chercher un bon angle pour photographier le volcan Villarica, qui un jour sur deux est invisible, et qu'on ne peut pas quitter des yeux le lendemain tellement il est proche et majestueux. Bien que je sois en mode solitaire, peu pressé de faire des nouveaux amis, je fais la connaissance d'Ariane, une française qui voyage un peu au Chili avant de s'installer en Argentine. Décision comparable à la mienne, ras-le-bol de la routine française. Nous avons tous les deux prévu de visiter l'île de Chiloé, et comme il semblerait qu'une voiture est très recommandée pour bien l'explorer, l'idée se fait d'en louer une ensemble. Les petits coups de chance du voyage, la bonne personne au bon moment sans avoir fait d'efforts ...

Mais pour l'instant c'est surtout mes discussions avec Hernan, l'administrateur de l'hostal, qui retiennent mon attention. Je lui ai déjà dit que je me verrais bien travailler à Pucon pendant la saison haute qui doit bientôt commencer, et ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Une première expérience de réceptionniste, pour découvrir l'envers du décor d'un hostal et me forger une première expérience en vue d'un futur-éventuel-peut-être-sait-on-jamais projet d'en monter un moi-même. Il ne m'a pas encore fait de proposition concrète mais cela ne saurait tarder. L'indécis éternel que je suis se demande quand même si je ne devrais pas voir les autres villes sur mon parcours avant de me fixer. D'autant que Pucon ne me promet pas une vie excitante hors du boulot, c'est le moins que l'on puisse dire.

Du jour au lendemain je décide donc de partir à Valdivia, la ville étudiante toute proche si réputée pour sa qualité de vie, où Elias a un bon contact pour moi. Je compte l'explorer très vite et voir si elle m'inspire, et je donne RDV à Ariane sur l'île de Chiloé trois jours plus tard. Pour le contact d'Elias, cela semble tomber à l'eau, son ami ne répond pas à mes tentatives de le contacter. Je me contente donc de sentir l'air de la ville, notamment son activité culturelle qui manque tant dans les autres villes. Et son délicieux marché de pêcheurs le matin le long de la rivière, avec les énormes lions de mer qui disputent aux oiseaux les restes de poisson, juste derrière les étals.



Il y a clairement plus à faire pour se divertir, mais curieusement je ne la sens pas plus que ça. Si ce n'est l'hostal où je loge, un modèle à mes yeux mais qui n'a pas de job à me proposer. Pendant ce temps je poursuis mes contacts par mail avec Hernan, qui me fait une proposition concrète. Je décide d'en terminer avec cette indécision chronique, ce réflexe de toujours aller voir plus loin s'il n'y aurait pas un petit peu mieux, et accepte le job de 4 mois, en pesant surtout tous les avantages.

Ça y est je suis décidé à démarrer une nouvelle expérience de vie et de travail loin de la France, dans cette Amérique du Sud où je commence à me sentir chez moi. Et décidé à arrêter temporairement ce voyage du mois de novembre qui n'était pas suffisamment exaltant. J'ai l'esprit libéré et je peux sereinement partir explorer l'île de Chiloé, avant un retour imminent à Pucon qui est officiellement mon nouveau chez-moi ... pour quatre mois pas plus, faudrait pas s'imaginer que je suis devenu sédentaire, non mais !

Les photos de Pucon sont ICI

Les photos de Valdivia sont ICI


*popotin en español
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dimanche 20 novembre 2011

Back to Valpo

Mes quelques heures nauséeuses dans le bus depuis La Serena se terminent, et j'arrive enfin dans une ville fantastique, que je connais déjà et que j'adore, j'ai nommé Valparaiso. Après Buenos Aires, Salta, Cordoba, et San Pedro de Atacama, voilà un nouveau retour sur les traces de mon tour du monde. La planète a beau être trop grande pour être parcourue en une vie, c'est quand même un plaisir de revenir sur ses pas et revivre des souvenirs forts.




Ici aussi, à Valparaiso, j'ai trouvé un couchsurfer pour m'héberger. Victor vient me chercher au terminal de bus et m'emmène dans son appartement un peu excentré, sur les hauteurs. Je rencontre son colocataire Elias, et je sens tout de suite la buena onda qui règne chez eux. Victor et Elias accueillent un à deux voyageurs en permanence, et ils font vraiment ce qu'il faut pour que l'on se sente chez soi. Mais je ne réalise pas à quel point je suis bien tombé, pas encore.
Bien que ce nouveau voyage ait commencé depuis seulement deux semaines, j'ai déjà l'envie de l'arrêter bientôt et je pense à chercher du travail en Patagonie chilienne ou argentine. Je leur en parle et Elias me dit avoir des contacts à Valdivia, une ville étudiante très agréable à vivre, et à Pucon, haut-lieu du tourisme. Elias est ingénieur forestier, et le Chili compte un nombre incalculable de parcs nationaux, il a donc des contacts partout. Il me propose d'appeler ses différents amis, et je sens que ce n'est pas une promesse en l'air. Victor a l'intention de partir en France quelques mois, au moins pour apprendre le français et plus si affinités, il compte  donc sur moi dans les prochains jours pour l'aider à l'appeler le consulat et les instituts de langue. Voilà du couchsurfing qui permet non seulement de partager mais de se rendre des services extrêmement utiles.

En soirée on part se faire un resto, dans ce même quartier populaire qui m'avait presque fait peur en 2009 tellement il était mal famé. Il est toujours très populaire mais paraît beaucoup moins sale et miséreux qu'il ne l'était. Déjà ce matin en sortant du terminal, j'avais remarqué que la ville est beaucoup plus propre, et qu'elle dégage une image de pauvreté beaucoup moins forte. A voir si c'est au détriment de son âme. A mon premier passage j'avais trouvé que la magie de Valparaiso vient bien sûr de ses vieux quartiers colorés perchés sur les hauteurs mais aussi de son mélange spécial de pauvreté et saleté dans la partie basse, mélange qui lui donnait un supplément d'âme.
A la sortie du resto nous retrouvons Carola, une allemande qui loge aussi chez Victor et Elias, mais qui ne parle quasiment pas espagnol. Sachant que Victor et Elias ne parlent pas un mot d'anglais, ça ne rend pas la communication facile et je suis bon pour servir d'interprête permanent. Nous commençons un petit tour de Valparaiso by night, du moins la partie basse. C'est la moins belle mais celle qui vit vraiment, et je ne la connais quasiment pas. Direction un bar militant, très d'actualité en ces temps de révolte étudiante réprimée dans la violence. Victor nous en parle et nous révèle qu'il est assez impliqué dans ces mouvements, quand ses horaires de prof lui permettent d'être dans la rue.




Ils veulent tous poursuivre dans un bar réputé près du port, mais je résiste difficilement au sommeil à cause de ma dernière (non-)nuit. Sans hésiter ils me donnent la clé et m'expliquent comment rentrer chez eux en colectivo (sorte de taxi collectif qui suit des itinéraires définis, et aux tarifs très bas). Je n'en reviens pas, ils me connaissent depuis quelques heures au plus, et ils me font déjà confiance comme à n'importe quel ami de longue date. 

Le lendemain nous retournons, Carola, Victor et moi, au fameux bar militant aux murs tapissés de posters revendicatifs, pour déjeuner. Sur une bonne idée de Victor nous enchaînons avec un spectacle de clown dans un joli théâtre du vieux Valparaiso, et une visite de l'ancienne prison devenue centre culturel. Je la trouvais plus fascinante il y a deux ans quand un terrain vague servait de terrain de foot sous les barreaux des cellules, avec des grafitis le long des murs et un petit théâtre. Là c'est un peu trop propre, et un énorme bâtiment moderniste en béton a été construit pour accueillir les exhibitions, mais cela reste une belle reconversion. Nous enchaînons par une longue et belle balade dans les deux quartiers les plus connus et pittoresques de Valparaiso, le Cerro Alegre et le Cerro Concepcion, là où j'avais déjà marché pendant des heures en 2009, l'appareil photo en surchauffe et des étoiles dans les yeux devant une ville autant chargée d'âme, de beauté et d'histoire. Je ressens le même effet à nouveau, auquel s'ajoute le plaisir supplémentaire du retour sur les traces de mon tour du monde. En plus Victor connaît les deux Cerros quasiment comme sa poche, et nous fait découvrir des petits passages que je ne connaissais pas encore, et quelques-uns des plus beaux graffitis. C'est encore un ingrédient supplémentaire du cocktail magique de Valparaiso : des graffitis sublimes, très artistiques, et souvent politiquement engagés (à gauche forcément !).




Je ne me lasse pas de ces tours et détours incessants dans les ruelles, par les petits escaliers et passages cachés. Nous arrivons finalement sur la Plaza Sotomayor devant le port, où se prépare un festival Container. Nous approchons de l'été et les festivals vont bientôt fleurir à Valparaiso, des festivals de théâtre et de musique qui renforcent son statut de centre culturel du Chili.

Après à peine deux semaines de voyage, je me sens déjà un peu fatigué, et je profite de l'appartement de Victor et Elias les trois jours suivants sans me balader beaucoup. Je l'offre quand même deux longues balades supplémentaires dans mes rues préférées, cherchant les passages cachés qui m'auraient encore échappé, et les petites galeries d'art imprégnées de l'esprit de Valparaiso. Je constate qu'ils font de nombreux travaux sur le Cerro Concepcion, pour rénover les chaussées. Mon impression première, selon laquelle Valparaiso subit un lifting, était la bonne, j'espère qu'ils n'iront pas jusqu'à la rendre trop lisse par souci de développer le tourisme.

En descendant vers le centre, par une belle après-midi, j'arrive juste après une manifestation étudiante qui a dégénéré et a été réprimée, une de plus. Le gaz lacrymogène flotte dans l'air, le colectivo zigzague entre les morceaux de pierre sur le grand boulevard presque désert, on croise des étudiants courant d'une rue à l'autre pour fuir les blindés équipés de canons à eau qui les poursuivent. Les étudiants veulent la réforme du système éducatif très conservateur datant de l'ère Pinochet, un des maux qui expliquent probablement que le Chili est un pays très inégalitaire, avec une richesse très concentrée dans les mains d'une petite minorité de familles. Le pays se développe et s'enrichit, mais bien peu de chiliens en profitent.

Je profite un long moment du festival Container sur la Plaza Sotomayor, qui ressemble à un joyeux bordel d'artistes déjantés qui improvisent dans le non-sens le plus total. Ils sont installés dans une sorte de forteresse composée de containers empilés, et la forteresse semble représenter l'esprit de résistance à la société capitaliste, esprit que l'on ressent dans les manifestations étudiantes et dans les bars engagés comme celui où Victor nous emmène presque chaque jour.




La principale substance du festival se trouve dans les pièces de théatre qui sont jouées dans de simples containers répartis dans la ville, de simples containers de 2,5m de large sur 12m de long, oui c'est possible ! Je vais voir une première oeuvre "Al Azar", un monologue sur la marginalité urbaine. Pour cette oeuvre ils ont trouvé le moyen de disposer des mini -gradins à l'intérieur du container, donnant une salle de théâtre toute en longueur. Malheureusement je ne capte pas grand chose du texte, mais cela ne m'empêche pas de sentir toute la profondeur du texte et la qualité du jeu de l'actrice. Un autre soir je suis accompagné par Adriana, une colombienne qui vient d'arriver chez Victor et Elias, et nous allons voir une oeuvre française "Vive le Roi", du théâtre de Varembert en Normandie. La première originalité est que le comédien a appris l'espagnol juste avant pour pouvoir jouer à Valparaiso, ce qui donne un accent très marqué et assez amusant. La deuxième est qu'ils ont installé une seule rangée de  chaises dans la longueur du container, et que le comédien joue donc également dans toute la longueur, à moins d'un mètre de nous. Il est déconseillé d'étirer les jambes sous peine d'envahir toute la scène et de faire trébucher le comédien !
Histoire de faire le plein de culture, le soir suivant je vais voir une troisième pièce avec Victor et Carola, "La rébellion de personne". Le comédien est encore seul, et joue d'une façon sublime dans un décor fantastique qui tient dans la moitié du container. Il ne fait pas que jouer la comédie, il joue de la batterie avec une grosse caisse qu'il porte dans le dos, et aussi bien qu'un batteur de très haut niveau avec une vraie batterie.

Je suis à peu près rassasié de théâtre, ça fait du bien après le quasi-vide culturel subi à Salta. Et il serait tentant de rester plus longtemps chez Victor et Elias, tellement je m'y sens chez moi, mais je dois avancer. Le lendemain je prends congé de tout ce beau monde et je prends un bus de quelques heures pour Talca, un peu plus au sud. Le voyage est nauséeux, je dors avec un plomb dans la tête. Je n'arrive pas à expliquer cette fatigue que je traîne depuis de nombreuses semaines et qui n'est pas liée au voyage.

La veille j'ai eu l'agréable surprise de recevoir la réponse d'une couchsurfeuse à Talca, qui non seulement accepte de m'héberger mais aussi connaît bien le parc national tout proche où j'ai l'intention d'aller trekker. A l'arrivée je ne la vois pas au terminal, elle m'a laissé un email pour m'avertir qu'elle a dû partir d'urgence à Santiago. La chance tourne. Je dois chercher un hostal bien situé et pas trop cher, ou carrément prendre un bus vers l'entrée du parc national et y trouver un hébergement. C'est galère, je ne touve pas grand chose sur le web. Et bizarrement bien que Talca ne soit pas franchement une ville touristique, tout est plein. Je trouve in extremis une chambre dans un hostal assez central, au prix double de mes prix habituels. Le jour se termine déjà et je veux absolument trouver toute l'information nécessaire pour partir trekker le lendemain : transport, hébergement... Je fais un tour en ville pour dîner, la place centrale est belle mais presque déserte, seule une rue paraît vraiment commerçante et j'y trouve difficilement un resto décent. Je ne dois vraiment pas moisir ici plus d'une nuit, d'autant plus avec le prix que je paye pour dormir, mais je n'arrive pas à trouver l'info précise et utile pour organiser mon trek.

Je discute un instant avec Elias sur Facebook, et je lui ai à peine expliqué ma malchance qu'il a déjà appelé Patricio un de ses amis à Talca pour lui demander de m'héberger, ce que cet ami accepte immédiatement sans se poser de question ! Je l'appelle le lendemain et il passe me chercher, il m'ouvre grand les portes de sa petite maison sans savoir rien de moi, sinon que je suis un ami récent d'Elias. Chaque jour qui passe me laisse apprécier davantage la gentillesse des chiliens, alors que ces chers argentins les décrivent comme  plus froids et étroits d'esprit (ils adorent les critiquer, sûrement par jalousie liée au développement économique chilien, et sans aucun doute par rancune liée à la guerre des Malouines). Patricio me fait découvrir Talca et ses coins animés, les quartiers abîmés par le terrible tremblement de terre de 2010, un superbe point de vue en hauteur, et un restaurant populaire en bord de rivière où l'on mange . Je suis un peu rassuré sur Talca et son activité, mais je ne vois aucune raison d'y rester, et Patricio ne sait pas me renseigner sur le Parc National. Mais en y réfléchissant bien, et en lisant entre les lignes du Lonely Planet, je devine que la beauté de ce Parc doit être bien modeste par rapport à ce qui m'attend plus au sud. Et mon budget file vite au Chili, pays qui n'est pas franchement bon marché par rapport au reste de l'Amérique du Sud.
Donc je reprends la route le lendemain, aidé jusqu'au bout par Patricio pour trouver la bonne compagnie et le meilleur prix. Talca ne restera pas comme un grand souvenir de voyage mais m'aura définitivement convaincu de la "buena onda" des chiliens.

Rendez-vous plus au sud, pour le début du festin de nature et de beauté !
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samedi 12 novembre 2011

Pisco, soleil et petites idées

Je suis confortablement installé dans mon bus pour 19 longues heures vers ma seconde étape, La Serena, dans la région qu'ils appellent Norte Chico (le Petit Nord), à quelques heures au nord de Santiago. Je tombe rapidement en plein sommeil, aidé par le film débilissime qu'ils nous passent comme d'habitude, et je suis réveillé au bout de 3 heures par l'arrêt du bus et le mouvement de nombreux passagers. Cool, pas mal d'entre eux descendent ici, on va avoir de la place ! C'est ce que je pense jusqu'à ce que tout le monde descende et que je comprenne que l'on passe un contrôle douanier, fixe et systématique. Sauf que l'on est au milieu du pays. Il est minuit et il faut sortir tous les sacs, les passer au scanner, attendent que le bus nous laisse recharger. Je connaissais les contrôles pointilleux à l'entrée du Chili mais au milieu du pays c'est une nouveauté.

La nuit passe tant bien que mal et j'émerge au petit matin. Après 12 heures de route le paysage n'a toujours pas changé, désertique. Nous roulons toujours sur une mince bande de terre coincée entre la Cordillère côtière et l'océan, au milieu des rochers et du sable et dans une absence totale de vie  végétale. On a beau le voir sur une carte, la géographie du pays apparaît vraiment particulière : une longue bande étroite dont une bonne partie est occupée par deux cordillères et un désert gigantesque. A propos d’étroitesse, les argentins ont une blague assez bien trouvée sur les chiliens (bien que pas forcément vraie) : les chiliens auraient l’esprit étroit que leur pays. Chiliens et argentins ne sont pas les meilleurs voisins du monde et on m’a récemment expliqué que le Chili n’avait de relation vraiment bonne avec aucun de ses voisins !

Les yeux encore tout collés par le réveil récent, nous avons droit à un arrêt dans la petite ville de Charañal, triste, aux tons gris et bruns appesantis par le ciel lourd et humide. Les maisons sont des baraquements, la plage côtoie l'usine. Trois heures plus tard nous nous écartons de la côte et roulons entre deux chaines de montagnes, plus petites et sableuses, la végétation réapparaît progressivement, nous sortons finalement du désert d'Atacama. Encore un peu plus tard, en passant la ville de Copiapo que j'ai finalement écartée de mes réjouissances, le paysage évolue en montagnes plus douces et petites, avec d'étonnantes étendues roses.

J'arrive finalement à La Serena, où je suis chaleureusement accueillie chez Cecilia, étudiante de 23 ans. J'ai décidé de changer un peu ma façon de voyager, et d'utiliser au maximum le réseau Couchsurfing qui permet d'être hébergé ou d'héberger soi-même des voyageurs. Mon premier objectif est de rencontrer davantage les locaux que les autres voyageurs à chaque étape. Mon tour du monde passé essentiellement dans les hostals m'a laissé énormément de bons amis de voyage, dont certains que j'ai revus et d'autres que j'espère revoir, mais ils étaient quasiment tous de jeunes voyageurs occidentaux et surtout européens. De bons amis donc mais trop semblables à moi pour permettre un vrai échange culturel. Là je suis au Chili et je veux rencontrer des chiliens !

Cecilia m'accueille dans sa petite maison qu'elle habite seule, chose très inhabituelle au Chili pour une fille célibataire de son âge. Bien que ce pays se modernise et s'internationalise, le mode de vie en famille reste traditionnel : on reste chez ses parents tant qu'on ne se marie pas, jusqu'à plus de 30 ans si nécessaire. C'est au moins aussi vrai en Argentine et c'est un contraste énorme avec notre société où l'on quitte ses parents dès que l'on devient indépendant financièrement, que l'on soit célibataire ou en couple.

Cecilia reçoit des couchsurfeurs depuis peu, mais elle a en déjà bien adopté l'esprit en offrant une totale hospitalité. Malgré la fatigue je vais faire un rapide tour en ville sous un temps hivernal, et en soirée Cecilia me fait découvrir des bars à étudiants, à base de tables rustiques et de bière pas chère, histoire de faire plus connaissance et de parler de tout et de rien. Je commence à réellement découvrir l'espagnol du Chili, avec son débit de mitraillette, ses mots inventés, et sa prononciation un peu particulière. J'avoue que je dois me concentrer pour bien la comprendre ...

Le lendemain est un dimanche toujours aussi gris et froid. Cecilia me propose d'aller chercher le soleil plus haut dans les montagnes, en me faisant découvrir la Vallée Elqui, réputée pour sa beauté, sa douceur de vivre, et surtout des vignes dédiées à la production de pisco, l'alcool roi au Chili et au Pérou. Si on ajoute les observatoires astronomiques et une certaine "ambiance cosmique" en connexion avec les astres, ça fait beaucoup de raisons d'aller s'y promener et c'est justement la raison de mon arrêt à La Serena. Nous montons en bus jusqu’au village au nom prédestiné de Pisco Elqui, avec l’intention de redescendre en stop de village en village. Le stop ne marche pas fort alors nous enchaînons les petits villages paisibles, écrasés par le soleil, aux vieilles et belles maisons, séparés par des kilomètres de vignes qui grimpent très haut sur les flancs des montagnes. Pisco Elqui, Monte Grande, et Vicuña. Nous redescendons tout confort, en voiture avec des amis de Cecilia. Je passe une soirée tranquille chez Cécilia, à parler de tout et de rien et à rigoler des double sens involontaires créés par mes maladresses en espagnol.




Le lendemain je pars explorer les plages par un vrai temps d’hiver ciel lourd et gris, je ne suis plus habitué à un tel froid depuis longtemps. En chemin je m’arrête au Mercado pour m’offrir un plat de fruits de mer, et un serveur m’aborde pour me proposer sa carte. Il parle un peu français et c’est clairement un avantage, vu le nombre de touristes français en Argentine et au Chili. Il interprète le manque d’ouverture des français aux langues étrangères (là c’est un euphémisme choisi expressément par moi pour éviter d’être plus critique …) comme une forme de nationalisme, et il apprécie cela. Je ne partage pas son approbation mais je ne suis pas très étonné, les chiliens ayant eux-mêmes un esprit nationaliste assez fort. Un ami de Salta m’expliquait que ce serait principalement pour cette raison qu’il respectent les règles au quotidien. Par exemple on ne peut pas acheter le moindre petit bonbon dans une petite boutique familiale sans recevoir le ticket de caisse, le commerce au black ne semble pas exister ce qui est ahurissant sur ce continent. Idem avec la police, elle est très présente sur la route et les chiliens respectent le code de la route. Ce respect des règles serait dû, à leur mentalité certes, mais aussi à une volonté de faire grandir leur pays. Mission réussie. Le grand voisin argentin, qui a au moins autant d’atouts, paraît bien immature et faible économiquement.
Je marche des heures pour aller à la plage, admirer les surfeurs qui bravent les eaux froides sous le ciel gris, et revenir en ville.




Rien de très emballant. La Serena a bien peu à offrir, mais je suis décidé à retourner dans la vallée Elqui, trop vite survolée avec Cécilia la veille. Je reprends donc le bus dès le lendemain, avec toutes mes affaires cette fois puisque je veux y passer quelques nuits. Je m’installe dans un petit hostal enchanteur, à vocation écologique, dans le divin petit village de Pisco Elqui. Nous sommes en pleine saison basse, le village est assez vide ainsi que l’hostal, mais je rencontre quand même Manuela, jeune suisse en voyage pour un mois. Je passe 3 jours de dolce vita à Pisco Elqui, entre longue balade en VTT sous le cagnard, soirée très alcoolisée dans l’unique bar El Rumor, glandouille dans le délicieux jardin de l’hostal, inlassables promenades-photos dans le beau village, visite d’une distillerie de Pisco… La vallée Elqui est un vrai bonheur, renforcé par la gentillesse des gens du village qui saluent aussi gentiment les touristes étrangers que leurs voisins.




L’hostal Triskel me donne des petites idées, l’envie de développer un hostal de qualité pour backpackers à l’identité forte. J’y avais déjà pensé pendant mon tour du monde, et partagé la même idée avec d’autres backpackers (qui chacun sont sûrs de connaître tous les détails qui font l’hostal parfait, à force de les fréquenter. Mais j’avais vite rejeté l’idée, pensant que ça peut être lassant à terme, très routinier. Et finalement j’y reviens, c’est probablement une bonne façons de rester au contact du voyage tout en travaillant, à part en étant guide bien sûr mais c’est loin d’être un boulot de rêve dans la plupart des cas. Bref, j’y reviens. Un jour, dans je ne sais quel pays …

Il faut bien se décider à partir, je redescends à La Serena et à la faveur d’un bus raté en soirée, je suis invité à une fête d’anniversaire chez Cécilia, avec ses amis. La soirée est TRES bonne. Rentré à 4 heures du mat’ avec un mélange de Pisco, bière, vodka et vin rouge dans le sang. Levé à 7 heures pour attraper mon bus vers Valparaiso, pour finalement l’attendre 2 heures, assis tout vaseux à l’extérieur du terminal. Les 6 heures de voyage sont longues et nauséeuses, heureusement mon objectif est à la fois une ville splendide et un retour sur mes traces de tour du monde.



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samedi 5 novembre 2011

Back on the road ! ... to Iquique, Chile

Ça y est j'ai repris la route, yesssss !

Je viens de passer quatre jours à San Pedro de Atacama, terminant ce voyage de 10 jours avec mes parents. C'est mon troisième passage dans ce village au milieu du désert ultra-aride d'Atacama. Ce fut une des étapes de mon tour du monde 2009-2010, et c'est en soi un endroit spécial, c'est donc à chaque fois un plaisir particulier d'y revenir. Mes parents partent à Santiago et Valparaiso juste avant leur retour en France, moi je démarre un nouveau VDI (voyage à durée indéterminée).

Jusqu'au dernier jour avant ce départ, j'hésite sur le chemin et la destination : descendre vers la Patagonie chilienne puis revenir par la Patagonie argentine et remonter doucement, ou partir directement en Colombie. La Patagonie, je connais déjà en grande partie suite à mon tour du monde, mais j'ai envie de la connaitre encore mieux surtout côté chilien, et elle pourrait m'offrir beaucoup d'occasions de travail. La Colombie, c'est ma nouvelle fixation depuis que de nombreux voyageurs m'en ont dit beaucoup de bien, et que je suis persuadé qu'elle ne mérite pas/plus sa mauvaise réputation.

Finalement je décide de descendre le long du Chili puisque j'y suis déjà, la Colombie attendra. Que c'est lourd d'avoir dix envies en même temps ! Je t'épargne la liste des envies en deuxième position ex-aequo. Sans compter que depuis que je suis revenu en Amérique du Sud j'ai des envies d'Asie, évidemment. De même que je pensais beaucoup à l'Amérique du Sud quand j'étais en Asie en 2010.
Moi, le parfait modèle du boulimique insatisfait ? Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Première destination : Iquique. Je n'en sais presque rien et n'en attends pas grand chose, sinon de revoir Lorena, une amie salteña qui s'y est installée récemment pour mieux gagner sa vie et pouvoir voyager (j'approuve !). Pour se rendre à Iquique, il faut traverser le désert d'Atacama dans sa largeur jusqu'à l'océan Pacifique en passant par Calama, ville moderne et sans intérêt, plantée au milieu du désert pour une raison : les mines de cuivre. Le bus passe à côté de l'une d'elles, gigantesque. Les abords de la mine sont une fourmilière de camions grands comme des maisons. A côté les employés sont à peine visibles, au moins deux fois plus petits que les roues.




Deux heures plus tard le bus fait un court arrêt dans une petite ville accolée à une usine abandonnée. Elle donne une vraie image de far-west avec ses rues quadrillées et ses maisons typiques, et une sensation de désolation, dans une époque post-splendeur. Pendant plusieurs heures on traverse un paysage de montagnes, terre, cailloux, d'une aridité absolue. Juste au coucher du soleil nous arrivons à l'océan Pacifique en passant par Tocopilla. La beauté du soleil couchant sur le port, orangé, contraste avec la tristesse de cette ville portuaire et industrielle désolée, c'est un spectacle fascinant pour retrouver l'océan qui m'a manqué pendant plusieurs mois. De petits condors, ou des aigles très ressemblants peut-être, planent au-dessus de la ville et au bord de l'océan, j'ai plus l'habitude de les voir dans les Andes. Les maisons sont médiocres et entassées, quand ce ne sont pas des baraquements de fortune. Des jeunes jouent au foot sur un petit terrain grillagé et noir de saleté. A la sortie de la ville, toujours ces rapaces qui planent, maintenant par groupes de quinze ou vingt, sur les flancs de la montagne vertigineuse, toute de roc et de cailloux menançant de tomber sur la route, d'une belle couleur beige baignée par l'orange du soleil couchant. Elles culminent à au moins mille mètres, avec un dénivelé abrupt qui laisse une bande plate d'à peine 100m avant l'océan.

Le reste du trajet se fait de nuit le long de l'océan, et j'arrive enfin à Iquique où je suis accueilli par Lorena. Elle m'a réservé un lit dans un petit hostal à backpackers, "buena onda" comme je les aime et à 100 mètres de la plage. Les backpackers classiques y côtoient les surfeurs, on peut glandouiler gentiment dans les fauteuils du salon ... aaaah ça fait du bien de revenir dans ce petit monde ! Je passe toute la journée du lendemain à me promener dans le centre. J'arpente sans cesse la splendide rue Baquedano, aux vieilles maisons de bois colorées. La rue est restée authentique et préservée de la sur-exploitation commerciale et touristique, j'ai rarement vu une rue aussi belle ! On lui trouverait presque un petit air de Nouvelle-Orléans avec ses balcons.




Je passe un long moment sur la belle place centrale et je ne résiste pas au spectacle des lions de mer et goëlands sur un banc de rochers à même pas 500 mètres du centre, je m'offre un petit tour du port en bateau, avec les explications d'une chilienne énergique qui rappelle à l'ordre chaque touriste distrait. Elle explique qu'elle s'est mariée à 12 ans avec son mari âgé de 32 ans, elle a l'air de trouver ça normal et moi j'ai du mal à y croire. J'enchaîne avec la visite d'un musée et d'un palace datant d'une autre époque, et je rentre tranquillement à l'hostal pour profiter de la vue sur l'océan et passer une soirée glandouille et gestion de mes photos (4 mois de retard, pas plus).




Le jour suivant est consacré à visiter les environs, je saute dans un bus et m'arrête une heure plus tard, au milieu du désert, pour visiter l'ancienne cité minière d'Humbertstone. Abandonnée, figée dans le temps, juste un peu aménagée pour être visitée, c'est quasiment une cité fantôme avec ses rues désertes et poussiéreuses, son école, son église, son hôtel, son théatre, sa piscine en bois, son marché, ses petites boutiques autour de la place principale, son magasin de liqueurs avec son stock toujours en place. Et surtout l'usine, ses grosses machines et locomotives rouillées, immobiles dans les grands hangars qui résistent tant bien que mal à l'agression des conditions climatiques. Une sensation de désolement s'ajoute à la fascination d'un tel lieu, en plein milieu du désert le plus aride du monde.




Je déambule pendant trois heures, presque seul dans les ruelles poussiéreuses. Cela vaut tous les parcs d'attraction. Je n'ai pas le courage d'aller jusqu'à l'autre site, entièrement industriel, de l'autre côté de la route mais à 30 minutes de marche sous le cagnard. Par chance un bus passe à ce moment-là et m'emmène jusqu'à Pica, une divine oasis. Je profite des thermes au milieu des familles, et m'enfile un énième jus de fruits exotiques, le nord du Chili en regorge (mango, chirimoya, ananas, citron ...) et ça m'a manqué en Argentine ! Je rentre à Iquique et retrouve Lorena pour quelques verres dans la magique rue Baquedano, le temps de parler de Salta qui lui manque (à moi beaucoup moins), et de voyage puisqu'elle a fait le choix courageux de quitter les siens pour tenter une autre vie.

Je tergiverse beaucoup mais décide de quitter iquique dès le lendemain soir. Bien malgré moi je vais éviter de voyager trop lentement au Chili, qui n'est pas un pays très bon marché par rapport au reste de l'Amérique du Sud. Il me reste la journée du lendemain pour parcourir une énième fois la rue Baquedano et visiter l'authentique théâtre municipal. Après avoir vu Lorena en coup de vent, débordée par son travail, je file prendre mon bus de nuit vers ma seconde étape, beaucoup plus au sud ... à 19h d'Iquique. C'est pas tout de reprendre le voyage, il faut se réhabituer aux loooongs voyages en bus, ça fait partie du jeu !


Les photos d'Iquique sont ICI

Les photos d'Humbertstone sont ICI


mardi 1 novembre 2011

The blog, le revival !

Moi-même, il n'y a pas si longtemps, je ne donnais pas cher de la peau de ce blog. Plus de 3 mois écoulés depuis le dernier article, lui-même difficilement accouché au cours de plusieurs mois de hoquet littéraire laborieux. Mais voilà, depuis j'ai quitté Salta (ouf, il était temps), et repris la route (aaah, enfin des réjouissances). Et en reprenant la route, les yeux toujours grand ouverts malgré ma connaissance grandissante du continent latino, l'appétit d'écrire et de décrire est revenu !

Pour être tout à fait cohérent, il faudrait renommer ce blog Mi Nueva Vida Latina, puisque j'ai quitté Salta définitivement, sauf passage rapide éventuel un jour, et l'Argentine temporairement. Je suis au Chili, en vadrouille totalement improvisée vers le sud, en attendant de retrouver un point de fixation qui me plaise, dans ce pays, ou à nouveau en Argentine, ou dans un autre pays. Perspectives grandes ouvertes !

Pour résumer très vite les derniers mois :
- la ville de Salta m'a rapidement lassé, par la pauvreté de sa vie culturelle et sa mentalité trop traditionnaliste à mon goût pas plu ;
- le boulot dans l'agence de voyage n'a pas été une grande réussite, sous la direction d'un français au QI douteux ;
- les réjouissances se sont vite concentrées sur les excellents amis que je m'y suis fait, et sur la beauté sans fin de la province. Trekking, vadrouille, et encore trekking.

Un voyage avec mes parents, qui nous a conduit jusqu'au nord du Chili, a donc été la parfaite occasion de quitter Salta le sac sur le dos, et de poursuivre vers le sud avec le premier objectif de me faire plaisir, et le deuxième objectif de m'arrêter quelque part pour démarrer une nouvelle expérience. J'ai bien quelques idées en tête, à court et moyen terme, mais je m'attends vraiment à m'arrêter là où je ne l'aurai pas forcément prévu.

Je ne peux revenir en arrière et tout raconter, alors je me contenterai de renvoyer vers les photos de tous mes treks et vadrouilles, qui m'ont fait saliver jusqu'au bout :

- un week-end à Tolar Grande, un des lieux les plus magiques du nord-ouest argentin

- la traversée de Tilcara à San Francisco, un trek de 5 jours en autonomie

- la boucle Cachi-Cafayate, vadrouille en solo et en stop

- trek au Cerro Golgota, dans la Quebrada del Toro

- trek au Cerro Camara, à Campo Quijano

- concours de rodéo à Chicoana

- randonnée dans le Parque El Rey

- trek au Cerro Grande, dans la Quebrada del Toro

- trek au Cerro Chivilme, à Chicoana

- trek au Cerro Redondeo, dans la Quebrada del Toro

- trek de Valle Encantado au Cerro Torreon, dans la Quebrada de Escoipe

- trek en solitaire à Iruya, village perdu dans les montagnes

Des images plein les yeux, des montagnes de toutes les couleurs, mais malgré toute cette beauté aucun regret : l'ailleurs m'appelle ! A très bientôt donc pour les premiers récits d'un nouveau voyage à la durée indéfinie.