24 mars 2011, 16h00 à Roissy. J’attends sereinement mon vol intermédiaire vers Rome, qui sera suivi du vol vraiment désiré, vers Buenos Aires.
7 mois que je n’avais pas refait mon sac, depuis mon retour de tour du monde en juin dernier ( http://nico-autourdumonde.blogspot.com ). 7 longs mois au début desquels le plaisir de retrouver famille et amis (et le fromage) laissa vite la place à l’ennui, l’inaction, l’indécision, l’absence d’envies, un peu d’inquiétude, et autres sentiments pas très positifs.
En préparant mon tour du monde, je savais que le retour serait difficile, mais pour autant pas question d’y renoncer. A trop craindre le futur, on oublie de vivre au présent. Sur ce point je me suis fait une philosophie, largement illustrée depuis. Mais cette intuition/évidence de la difficulté du retour était abstraite, je me contentais de penser qu’il serait dur de retrouver le chemin du boulot après un an de vadrouille entièrement orientée vers mon plaisir et la découverte ( des cultures surtout, et de moi-même un petit peu). En fait je me suis retrouvé dans une situation assez différente de la majorité des tiers-mondistes qui rentrent au bercail. La plupart de ceux que j’ai rencontrés sont rentrés avec un compte en banque assez vide, obligés de retourner chez papa-maman quelque temps, sans voiture. Mais ils ont vite repris leur ancien boulot ou un autre boulot, et ne sont pas laissé le temps de gamberger, enfin pas trop.
Pour ma part, dès mon retour j’ai retrouvé mon appartement libéré de son locataire, ma voiture gardée au chaud pendant un an, et aucun problème financier puisque je reprenais les allocations chômage là où je les avais laissées. Matériellement parlant on ne peut pas rêver retour plus confortable. Il restait juste à retrouver le chemin du boulot … et c’était bien là le problème, savoir ce que j’allais faire maintenant. Lorsque l´on quitte son boulot de façon imprévue mais finalement bienvenue, que l’on commence à être fâché avec un certain système, ce n’est pas un an de voyage qui réconcilie avec ce boulot. On n’imagine pas une seconde (de tenter) d’y retourner. On ne sent pas la force de jouer le jeu, ne serait-ce que pendant le processus d’embauche.
Et pourtant pendant tout le tour du monde j’avais réfléchi à ce que je pourrais faire après, sans vraiment trouver. Non, en fait je m’étais surtout posé la question, dans chaque lieu que je traversais : « Pourrais-je m’expatrier ici, vivre ici quelque temps ? », repoussant la question du travail au second plan. Sur cette question, l’exotisme du lieu et l’excitation du changement le disputaient toujours à la peur de m’y ennuyer au bout de quelque temps. Et puis très vite, sur ma route, j’entends parler de l’Argentine. Ça tombe bien, je l’avais placé sur mon vague itinéraire de voyage, mais sans rien en savoir. Des voyageurs à qui j’explique que je suis en quête d’une future cible d’expatriation me suggèrent que l’Argentine pourrait être celle-ci. J’y fonce, traversant trop vite la fabuleuse Bolivie, la tête pleine de préjugés positifs, prêt à voir la vie en rose au pays des gauchos. Et effectivement je tombe vite sous le charme de ce pays aux paysages incroyables, aux gens sympas, pragmatiques et positifs malgré leurs problèmes, à la culture riche, à la gastronomie digne des papilles exigeantes d’un frenchie très gourmand. Un pays qui me semble le compromis parfait entre exotisme/magie d’un côté, et niveau de développement très correct de l’autre (à l’inverse d’autres pays qui m’ont fait fondre de bonheur mais où je n’aurais pas pu vivre). Je suis conscient qu’en tant que voyageur, je ne perce pas le visage exact de ce pays, les avantages et difficultés d’une vie au quotidien. Bref je ne suis pas du tout objectif. Mais tout de même j’y passe le plus long séjour de mon voyage, et je garde l’idée en tête pendant les mois suivants.
14 juin 2010, il fait déjà nuit. Après un dernier curry avalé sur le trottoir, je prends un dernier taxi bien négocié à Bangkok, direction l’aéroport, pour le dernier vol qui m’emmène à Londres, d’où il me reste un saut de puce à faire pour rentrer « à m’baraque ». A part retrouver tous ceux que j’aime, pas vraiment de plaisir à retrouver la France (sauf le fromage et ma carte de ciné). Ni chaud ni froid quand j’entre dans Lille, ni quand je refais un pas dans mon appartement. Il y a là un message évident ...
Suivent deux mois de repos physique et mental pendant l’été, puis le début d’une forme de léthargie, d’inactivité, d’absence totale de volonté pour chercher quelque boulot que ce soit. Je n’oublie pas l’Argentine, et prends la résolution de travailler mon espagnol, mais je veux me donner du temps avant de refaire éventuellement mon sac, et je ne m’avoue qu’à moitié que la décision me fait quand même un peu peur. L’argument positif en contrepartie étant : avec le tour du monde j’ai déjà pris une décision forte, continuons sur cette lancée. Pas si simple … l’argument contre étant cette peur que la société aime distiller pour nous ramener dans le droit chemin travail-consommation-stabilité-sédentarité (sans oublier d’acheter le labrador assorti à la voiture).
Suivent deux mois de repos physique et mental pendant l’été, puis le début d’une forme de léthargie, d’inactivité, d’absence totale de volonté pour chercher quelque boulot que ce soit. Je n’oublie pas l’Argentine, et prends la résolution de travailler mon espagnol, mais je veux me donner du temps avant de refaire éventuellement mon sac, et je ne m’avoue qu’à moitié que la décision me fait quand même un peu peur. L’argument positif en contrepartie étant : avec le tour du monde j’ai déjà pris une décision forte, continuons sur cette lancée. Pas si simple … l’argument contre étant cette peur que la société aime distiller pour nous ramener dans le droit chemin travail-consommation-stabilité-sédentarité (sans oublier d’acheter le labrador assorti à la voiture).
Le temps passe vite, rythmé par au moins une séance de cinéma par jour, le théâtre, et autres petites réjouissances sociales et culturelles qui ne masquent pas mon absence de direction et de projets, et ma lassitude de vivre à Lille alors que j’aime cette ville. Me voilà arrivé fin novembre, avec un moral pas au mieux, conscient qu’il faut bouger mais pas fichu de le faire. Je me décide à partir en Argentine, tout en tergiversant intérieurement parce que la décision n’est pas mince. J’hésite à partir en Argentine pour faire n’importe quel boulot, ou en Nouvelle-Zélande pour poursuivre dans l’informatique, ou à Taiwan pour être prof d’anglais. L’art du grand écart.
Aidé par le petit mot d’une amie (« Bouge-toi ! », comme quoi il ne m’en fallait pas beaucoup, les raisons de la fainéantise humaine sont insondables), je me décide pour l’Argentine, mais à tout hasard je tente ma chance à distance auprès des agences de tourisme françaises basées en Argentine. Il me faut à peine 2 heures pour refaire un CV adapté, et l’envoyer aux premières adresses trouvées sur le web. Je ne reçois pas de réponse de celles que je convoite le plus, mais deux jours après une agence moins en vue manifeste son intérêt. Deux longs entretiens par téléphone, quelques échanges supplémentaires par mail, et le 11 décembre je reçois la proposition d’embauche. La chance continue à me suivre, et le mouvement est engagé, je suis décidé à partir.
Vendre tous mes meubles et différentes affaires, vendre la voiture , me débarrasser de tout le superflu sans valeur, trouver un locataire, faire une petite fête de départ, déménager ce qui reste chez les parents … les 6 semaines qui me restent sont chargées .
Mais j’y arrive et me voilà devant le comptoir d’enregistrement à Roissy. Le steward me demande gentiment si j’ai un vol retour, et insinue quelques instants qu’il pourrait me refuser l’embarquement pour éviter une amende à la compagnie au cas où je serais refoulé par la douane argentine parce que justement je n’ai pas de vol retour. Il finit par m’accepter mais m’offre l’occasion de gamberger pendant le vol, sur la version que je donnerai à la douane. J’ai le choix entre dire la vérité sur ma prochaine régularisation, ou mentir et dire que je quitterai l’Argentine par la route pour voyager. Il faut dire que j’y vais avec un visa touriste dans le but de travailler et d’être régularisé, ce qui est évidemment interdit mais très courant pour tous ceux qui tentent l’aventure argentine.
25 janvier, 8h00, atterrissage à Buenos Aires après un long vol sans sommeil. Ce steward courtois mais ignorant m’aura stressé pour rien, le passage à la douane est une formalité. Les portes d’un nouveau pays s’ouvrent à moi, le pays de mon nouveau départ !
.
.
Début d'une nouvelle histoire et début du plaisir à te (re)lire! (j'apprécié déjà ton blog du tour du monde, mais un livre se ferme et un autre s'ouvre! A moins que ce ne soit qu'une suite de la vie d'un aventurier!)
RépondreSupprimer(Je contact spielberg pour les droits télé! :-))
Trés assidue au départ, j'avais un peu délaissé mes commentaires sur ton ancien blog sans pour autant laché sa lecture! J'espère être plus "régulier" dans mes posts afin que tu sache que tu n'écris pas uniquement pour ton plaisir de la prose mais que chaque histoire narrée offre un voyage et des sourires à chaqu'un de tes lecteurs! Moi le 1er, sans aucun doute!!! Nous ne sommes pas des chats Nico alors profite et vie pleinement chaque moment qui s'offre à toi! ;) Hate de voir la suite... De la part d'un GRAND fan! Let's the sun shine!!
Muy bien Hombre!
RépondreSupprimerLe nouveau blog part bien ou presque, juste une petite correction à faire sur la première ligne, je suppose que tu parles du 24 JANVIER 2011, le 24 mars euh c'est demain...
Ton blog comme le précédent me donne la même incertitude de rentrer au pays et la peur de m'y ennuyer, même si pour moi ce n'est qu'à 1000km. Ta station météo intégrée au blog me fait rêver aussi, 24° à Salta, je ne sais même pas si on atteindra ça ici cet "été". De toute façon on sera déja cramés par le nuage de Fukushima aux dires des journalistes... qu'est-ce qu'ils nous bassinent avec ça!
Première petite exclu, je serai à Lille le weekend prochain; et 2eme petite exclu, je vais probablement faire un tour par le Pérou pour mes vacances d'été.
A Tschüss!
David from Hambourg
Ah le voilà tout de même ce nouveau blog. Bravo!!! Tu vas faire des heureux qui j'espère feront un petit effort pour te répondre et ainsi te rendre ce plaisir et te donner le courage de continuer.
RépondreSupprimerPOUR LES LECTEURS : NE SOYEZ PAS EGOÏSTES LAISSEZ LUI VOTRE COMMENTAIRE.....LE PLAISIR SE PARTAGE.
A bientôt
Maminou
@Pascal : ah ben si tout le monde pouvait dire comme toi ! alors pour les commentaires tu te gênes surtout pas, je ne bouge pas d´ici, enfin ma page ne bouge pas !
RépondreSupprimerEt si tes jetons te le permettent, que les reauins ne les ont pas volés à Marrakech, paie toi le billet d´avion jusqu´ici, tu le regretteras pas !
hasta luego chico
@David :
RépondreSupprimereh oui, la tentation de remplacer une expatriation par une autre, sans retour par la case départ, est un virus pugnace dans nos veines. Là-dessus on se comprend bien.
Pour le temps eh bien il pleut des litres depuis un mois, mais dès qu´il fait beau il fait bien plus que 24ºC ! mais l´automne va pointer son nez bientòt, puis l´hiver en juillet-août, sûrement le moment pour moi de partir en vadrouille ... Chau !
@Maminou :
RépondreSupprimeroui le voilà, ça a été dur, maintenant il faut le remplir. Puissent les "lecteurs" t´entendre, nous verrons ...
Besos
Quel suspense!
RépondreSupprimerMaintenant que la douane est passée, va-t-il se rendre compte que son espagnol révisé sur dvd n'est pas suffisant? que l'Argentine est devenue le nouvel état des USA et que donc le bigMac est le nouveau plat national? aura-t-il son visa de travail voire la double nationalité? Du tissu, mais qu'est-ce que ca peut bien être? Tombera-t-il sur un patron tellement sympa que ce dernier l'emmènera en weekend virée tous frais payés (oups spoiler...)?
Vous le saurez (ou pas) au prochain épisode...
Hello Nico!
RépondreSupprimerTon article est superbe! Je te souhaite une belle aventure dans ce beau pays!
Peut etre que je craquerais à mon tour....en attendant je commence une nouvelle routine française avec un job :)
Au plaisir de te relire!
Besos
Chloé
Bravo pour ce journal et je te souhaite una nueva vida pleine d'expériences.
RépondreSupprimerUn ex burlesque,
Sylvain
Contente de te lire à nouveau ...je vois que tu t'habitues vite , une nouvelle histoire commence ..Continue à nous faire partager tes voyages . On veut des photos et des films !!! Rien que cà!! A bientôt. Gros Bisous Stéph
RépondreSupprimerQuel que soit l'endroit, l'important est d'être en accord avec soi-même... Alors VA, VIS et DEVIENS !
RépondreSupprimeret ne lâche pas la plume... enfin la souris et le clavier (mais c'est moins poétique !)
bises
@urore
Bravo min bater de ch'nord...
RépondreSupprimerHeureux hasard ; En bon gérant de ma société Lilloise, je fais des recherches sur le net et je tombe sur ton site du tour du monde !!!
Mince 54 minutes plus tard, je n'ai toujours pas la réponse à mes recherches mais merci de m'avoir fait revivre mes 25000km à travers l'Amérique Latine en 2006.
Bravo pour le blog, bonne route muchacho.
ENTONCES VAMOS ...
@Fred :
RépondreSupprimertu veux parler de mon espagnol (quasiment pas) révisé dans un bouquin ? non effectivement ça ne suffit vraiment pas, mais ça commence à rentrer. Pour le reste je ne vais pas répondre, il faut entretenir le suspense auprès de la ménagère de moins de 50 ans ...
Je pose ma propre question : Fred sera-t-il encore le commentateur le plus rapide sur mon blog ? (pour cet article là c'est pas très bien parti, mais la course est encore longue ...)
@Chloé :
RépondreSupprimerMerci ! t'as dû retrouver des sensations identiques non ?
Alors bon courage pour ta routine française ! mets de côté pour tes prochains voyages mais ne t'encombre pas de confort superflu, ce sera autant d'argent perdu et de boulets aux pieds pour repartir. Ta première richesse matérielle c'est ton passeport ... Besos
@Sylvain : ex burlesque ? ben c'est dommage, tu te lâchais bien comme il faut.
RépondreSupprimerMerci !
@Stéph : je m'habitue progressivement, il y a encore bcp à apprendre sur la vie ici. Je vais faire mon max pour partager tout ce que je peux !
RépondreSupprimer@Aurore : bien d'accord avec toi, partir c'est pas seulement partir, c'est vivre et se construire, et devenir ! qui sait si ta course va être un révélateur ...
RépondreSupprimerbesos
@Simon : ça me fait tjrs plaisir de découvrir des lecteurs inconnus, surtout s'ils ont marché dans les mêmes traces. Tu faisais quelle recherche pour tomber sur mon blog ?
RépondreSupprimerta oublier un e semaine ucpa en surf hor piste denis
RépondreSupprimerHola Denis,
RépondreSupprimeroui ça m'est complètement sorti de la tête ! c'était bien bon de goûter à la poudreuse avant de partir vers la canicule, mais c'est un souvenir presque vague ...
Alors ce projet de TDM, il mûrit ?