J’arrive à Salta par un samedi venteux de fin janvier, après 22h de bus dont un bonus exceptionnel de 3h pour cause de panne dès le départ. Quand on aime on ne compte pas.
J’ai un peu profité des paysages depuis le matin, depuis mon réveil dans la triste périphérie de Tucuman. Dans les derniers kilomètres, l’excitation de retrouver Salta fut nuancée par l’étonnement de ne pas bien reconnaître les lieux : j’avais souvenir d’un paysage très sec, je ne vois que des collines très vertes. Et je ne retrouve mon orientation que dans les tous derniers instants, lorsque le bus descend sur le flanc du Cerro San Bernardo, déroulant une belle vue en hauteur sur Salta. Impression spéciale de revenir sur les pas du Tour du Monde, et petite émotion en redécouvrant la ville où je vais m’installer, dont je ne connais pas grand-chose en fait.
Je n’ai que quelques centaines de mètres à marcher avec mes 50kgs de bagages, jusqu’à l’appartement. Comme depuis quelques jours je regarde beaucoup les gens, me souvenant qu’ici l’influence de la proche Bolivie se voit sur les visages, des faciès andins qui n’ont rien à voir avec les nombreux visages blancs que l’on voit à Buenos Aires, la différence est saisissante.
Audrey m’accueille dans mon nouveau chez-moi et me fait le tour du propriétaire : ce n’est pas le grand confort mais plutôt gai. Ma chambre aussi a le strict minimum, elle est assez rustique, mais ça me va. Et j’ai quand même une vue directe sur le Cerro San Bernardo, avec le téléphérique qui passe quasiment au-dessus de la maison. La petite cerise sur le carrelage usé …
Le temps de faire une petite sieste et de rencontrer tous les colocs, la soirée s’annonce déjà chargée avec deux anniversaires à la suite. Je suis impressionné par le nombre de français que je rencontre ! Pour ce qui est des argentins qu’on me présente, la discussion n’est pas facile. Je mesure mieux comme mon niveau d’espagnol est faible, et l’accent argentin touffu. En plus des « che » qui remplacent les « ye », j’ai l’impression de n’entendre que des voyelles, les consonnes sont mangées !
Malgré mon intense fatigue accumulée dans les dernières semaines en France, pendant mon vol insomniaque et à Buenos Aires, cette première soirée m’a pris juste après l’arrivée et m’a emmené jusqu’à très tard, et m’a déjà fait connaître l’essentiel des gens que je vais côtoyer. Et m’a donné un aperçu du rythme que je vais suivre pendant les 2-3 semaines : des fiestas, des anniversaires, des soirées tango qui vont s’ajouter au rythme argentin, selon lequel 22h est tout juste le début de soirée. On y ajoute mon grand retour dans le monde du travail, seulement 3 jours après mon arrivée, et des horaires originaux 9-13 / 17-21, et le tout donne des premières semaines « salteniennes » plus mouvementées que tout ce que j’aurais pu imaginer.
Côté coloc’, l'ambiance est "buena onda". Nous sommes 5 dans l'appartement : 2 françaises, un argentin, une argentine et moi. Audrey, une des deux françaises, bosse dans la même agence que moi., on mange souvent ensemble à midi et le soir, nous n’avons pas chacun notre étage dans le frigo ...
Pour ce qui est du confort, si je devais comparer à mon confort en France, je pourrais tirer la tronche, mais en l'occurrence non parce que je m'en fous. Je ne suis pas venu pour recréer le même schéma qu'en France. J'ai un lit, un placard très minimaliste, j'ai dû ajouter une pauvre table de jardin, le carrelage est vieux et abîmé, la fenêtre menace de lâcher quand je l'ouvre ...
J'ai la grande chance d'avoir trouvé une coloc' (c'est difficile ici), de poser mes sacs dans un appartement meublé (bien que très modestement). Et je mesure à quel point mon arrivée aurait été plus laborieuse et plus solitaire si j'avais dû prendre une chambre ou un studio tout seul.
On parle essentiellement espagnol à l'appartement, même entre français, et ça ne me fait pas de mal, même si j'ai souvent l'impression d'être le boulet qui n'est jamais au courant de rien parce que je ne capte que des mots par-ci par-là mais rarement le sens exact et complet de ce qui se dit. Finalement une colocation bilingue c'est l'idéal, Audrey et Céline me traduisent beaucoup, m'aident à trouver les mots, et m'offrent un peu de relâchement cérébral en français quand j'en ai marre de faire des efforts énormes pour dire des choses toutes simples. En contrepartie je dois me faire violence pour ne pas trop céder à la facilité de parler français, idem avec tout le cercle de français qui vit à Salta et qu'on voit souvent.
Enfin en 2 semaines je sens déjà des progrès alors que je n'ai pas eu le courage d'ouvrir ma méthode Assimil une seule fois. Ayé le passé simple coule dans mes veines !! Enfin seulement les verbes réguliers, donc à peine la moitié des verbes de mon dictionnaire cérébral encore bien désert ... eh oh faut pas pousser non plus !
Les week-ends sont toujours improvisés en dernière minute, mais toujours bien occupés, entre les après-midis dans les charmants villages alentour, et les petites occases de sortie qui se déclarent à l'improviste.
Ce samedi nous sommes allés au "desentierro del carnaval" (déterrement) dans un petit village : têtes et fringues mouillées et maculées de farine, mousse et peinture, et danses traditionnelles à n'en plus finir dans une pure ambiance sud-américaine et totalement authentique. Les prochains week-ends seront sûrement consacrés à écumer les fêtes de carnaval dans les villages et à Salta, jusqu'à l'enterrement du carnaval début mars.
A côté de ça je commence à planifier mes futurs petits voyages de week-end dans la région, en salivant forcément. "Par chance" je n'avais rien exploré à mon passage en 2009 et j'ai donc tout à voir, le destin a encore tout arrangé comme il faut …
Ah ce coup-ci oui, je suis prem's! mais sinon c'est la loose. Au bureau, je n'accède pas à la fenêtre magique qui te demande de recopier les caractères secrets pour vérifier que tu n'es pas un programme automatique... Donc impossible de poster du taf.
RépondreSupprimerEnfin bref je suis sûr que ton espagnol s'améliore de semaine et que cette barrière va bien vite tomber (c'est déjà le cas si ça se trouve!).
Et vu ce que je lis sur FB, tu sembles bien profiter (d'où le retard sur ce blog peut-être...:)).
Effectivement le meilleur moment pour lire un blog calmement, sans être perturbé par autre chose, et écrire un commentaire aussi inspiré que possible, c´est le boulot, c´est bien connu et j´approuve !
RépondreSupprimerSi tu ne vois pas les mots magiques essaie un autre browser, ça peut aider.
Sinon oui la petite barrière est en train de tomber, puisque je commence à comprendre et me faire comprendre, mais il faut pas me demander de parler philo non plus ...
J´ai une pleine page de sujets à traiter, il va se passer un moment avant que je les épuise, et heureusement j´ai un article quasiment écrit, un récit de voyage, il en restera 3 à écrire en comptant le week-end que je commence ... dès maintenant ! 5 jours de trek en autonomie, yeaaaah !
gracias y hasta luego