Déjà 4 mois ou presque que je vis à Salta. Bon sang que le temps fuse, et il fuse d’autant plus que je n’ai jamais senti la vie si divertissante qu’ici. Sauf pendant le tour du monde bien sûr (dont je vais bientôt fêter le premier « anniversaire de sa fin »).
Divertissante sans doute par l’effet de la nouveauté (c’était le but !), par l’effet de la nécessité stimulante de tout découvrir et apprendre, et par l’effet d’un retour en arrière d’au moins 10 sinon 15 ans dans mon style de vie (des sorties et encore des sorties jusqu’à pas d’heure… avec des amis qui ont 10 ans de moins).
Divertissante en toute logique puisqu’elle me permet d’échapper à une vie normale » et plus monotone. Puisqu’elle répond à mon envie « d’être ailleurs », expression qui paraît ne pas avoir de sens, et pourtant en est chargée.
Bref 4 mois très intenses, qui me rappellent mon arrivée comme d’un temps très lointain. 4 mois qui me donnent déjà des habitudes et des repères, une petite impression d’être chez moi tout en me sentant encore étranger : j’ai encore tout à apprendre de ce pays et de sa culture, et surtout à améliorer mon espagnol (10 fois meilleur qu’en janvier mais encore 100 fois moins bon que ce qu’il faudrait).
Cette ville où je commence à avoir mes repères, c’est donc Salta. C’est la principale ville du nord-ouest du pays. Elle est appelée “Salta la linda”, Salta la belle. C’est vrai qu’elle a un réel charme, par son architecture hispanique et coloniale, ses belles places bordées d´anciens bâtiments et notamment la place centrale 9 de Julio, son rythme de vie tranquille, les monts qui l’entourent … Mais soyons honnêtes, on n’en tombe pas raide dingue non plus.
La ville s’étend toujours plus, avec maintenant 500 000 habitants et des distances énormes entre l’extrême nord et le sud. Quand une petite annonce immobilière présente un logement comme étant dans le macro-centre, il peut se trouver à 20-30 minutes à pied du réel centre. Il vaut mieux perdre ses habitudes de marcheur urbain, et se laisser tenter par les bus ou les taxis vraiment pas chers.
Toutes les rues sont en angle droit, on ne peut pas se perdre. On peut aller de n’importe quel endroit à un autre en ne tournant qu’une seule fois, c’est mathématique. Alors souvent on casse cette monotonie en variant les itinéraires, en tournant plus ou moins tôt à gauche à droite.
De 13 à 17h la ville est endormie, les magasins fermés, la sieste est sacrée à l'heure où le soleil frappe fort. J'en profite pour rattraper un peu de sommeil des nuits trop courtes, mais pas facile de repartir au boulot à 17h après 1h30 à 2h de sieste, je suis un peu dans le cake.
Sorti du boulot à 21h, on ne se rend pas compte qu'il est si tard puisque la ville grouille d'activité, et notamment la belle place centrale 9 de Julio toujours noire de monde. D’ailleurs 21h c'est à peine le début de soirée, et sûrement pas une heure pour aller au resto et encore moins sortir. Ici on sort au plus tôt à minuit voire plus tard. A l'espagnole ...
Il faut s'y faire, on va dire que le point noir pour l'instant, c'est mon manque de sommeil. Et ce ne sont pas les délicieuses empanadas (petits chaussons farcis de viande ou fromage, grande spécialité sud-américaine) qui suffisent à me redonner la force. Il va falloir y remédier mais j'ai comme l'intuition que ce n'est pas gagné ...
Au tout début, l’insertion dans la vie argentine n’a pas été aussi facile que je l’avais imaginée. Notamment parce que je m’exprimais horriblement mal, mais surtout parce que je ne comprenais pas grand-chose : l’accent argentin est particulier et fort, avec des différences grammaticales importantes avec l’espagnol d’Espagne. Curieusement, dans la Bolivie voisine et infiniment pauvre, l’expression est plus lente et limpide. Les différences d’accent marchent souvent dans l’autre sens … la richesse ayant pour effet de lisser les accents. L’Argentine n’est pas riche, mais à côté de la Bolivie …
Sans renier ma totale responsabilité dans mon pauvre niveau en espagnol, j’ai regretté qu’une ultra-minorité de personnes fasse l’effort de me parler lentement et simplement, effort qui permettrait la conversation et ma progression. Et puis mon oreille a commencé à se faire et à saisir les nombreuses consonnes « avalées », dépassant le seuil critique et invisible de compréhension. Maintenant je ne fais plus répéter chaque phrase … seulement une sur deux !
Une des premières sensations étranges dans ma nouvelle vie sédentaire a été de croiser des voyageurs en ville, et surtout des jeunes mochileros (routards, backpackers …). Forcément je m’identifie encore à eux, le tour du monde n’est pas si loin et l’envie de battre la route toujours forte. Je les croise surtout sur la belle place centrale en allant au boulot, et si je n’étais pas déjà en retard j’irai bien les voir et leur poser les questions habituelles : « Tu es d’où, tu voyages combien de temps » (questions dont je me lassais en 2010 mais ô combien pratiques) et proposer d’aller visiter ensemble. A défaut d’avoir le temps de leur parler, ils me donnent l’envie de faire mon sac. Sensation bizarre de se sentir proche d’eux mais « de l’autre côté », du côté de ceux qui se sont posés dans un lieu traversé en voyage.
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Je sens bien que le sac n'est pas vraiment posé!
RépondreSupprimerMerci pour toutes ces news sur ta vie de tous les jours.
La visite en Argentine ce sera pour 2012 car pour nous, cette année, ce sera le Laos prévu depuis longtemps.
Avec nos amitiés JP MPJ
Yo Nico,
RépondreSupprimercomme il est plaisant d'avoir de tes news : soudain la vie se colore et se rythme des sonorités sud-américaines : c'est étonant le pouvoir anti-morosité qu'offre ton blog.
Plusieurs remarques :
1/ c'est amusant d'arriver encore à s'étonner que peu ou pas de gens font l'effort de parler lentement et distinctement ; même quand on les fait répéter ! C'est éternel ou aussi vieux que l'égoïsme, mais ça nous étonne encore : surprenant non ?
2/ ton attraction vers les voyageurs m'amuse comme une des dernières images de l'auberge espagnole : Tu te sens proche d'eux mais eux ne te reconnaissent pas ! Eh oui mon fiu, t'es devenu une plante : importée certes mais enracinée ; quoique ?
3/A la question anodine et quotidienne : ça va ? Il y a différentes manières de répondre ou de ne pas répondre. J'ai remarqué que certaines personnes sont toujours fatiguées et surmenées. C'est étonnant ce sont toujours les mêmes et face à elles d'autres personnes, dont tu apprends qu'ils sont commerciaux, font 70 000 kms par an, et ont 3 gosses dont l'un hurle chaque nuit. Mais lui va bien, il ne se plaint pas ! Moi ça m'a mis une claque ;-)
Bises
Bru
Au fait,
RépondreSupprimersi tu veux que tes bloglecteurs ignorants mais de bonne volonté utilisent l'option Nom/URL,
'faut que t'y ajoutes un petit topo.
Merci
@ JP et MP :
RépondreSupprimerentre l'Argentine et le Laos, quel choix de luxe ! j'ai encore régulièrement des envies de sauter dans un avion pour le Laos. C'est un bonheur absolu, et il faut le voir avant qu'il ne change trop vite, alors profitez. Si vous voulez des petits conseils, des avis sur les coins à voir ...
@Burns :
RépondreSupprimeraaah le Burns se remet enfin à réagir en long et en large à mes articles ! enfin on me donne à lire !!
1/ j'ai eu la naïveté de penser qu'on me faciliterait la converation davantage. Souvenir non représentatif qui m'a induit en erreur ou éternel espoir ?
Je crois surtout que de nombreuses personnes n'ont jamais appris une langue étrangère, et ne comprennent même pas la difficulté que rencontre le pauvre étranger qui bredouille face à eux.
2/ c'est vrai qu'ils ne me reconnaissent pas, à cause de ma tenue d'urbain et non de voyageur, et parce que j'ai un visage qui peut éventuellement me faire passer pour un argentin. Mais quand même quelque fois certains me jettent un coup d'oeil en se demandant si je suis des leurs ... pas de bol je suis déjà en retard au boulot et je passe mon chemin !
Sinon ton "quoique" a tout son sens et sa pertinence ...
3/ pour ne pas changer les bonnes habitudes de mon blog TDM, je vais te demander ce qui dans mon article t'a amené à cette réflexion, une fois de plus je t'ai pas suivi !! :-)
4/ pour l'option Nom/URL je pensais l'avoir fait mais je dois me tromper de blog ...
Salut Nico,
RépondreSupprimerToujours plaisant de te lire. Il manque quand même quelques photos pour pouvoir mieux se rendre compte de l'endroit où tu vis !!
(bah oui, j'ai pas de compte fessebouc).
hasta luego
@Jérém :
RépondreSupprimeroui il manque un petit gadget d'accès aux photos comme sur le premier blog.
Mais j'ai ajouté un lien vers les photos sur l'article précédent Virée dans le Noroeste argentin. Et sur Facebook y a rien de toute façon !
Merci et chau ! (énorme bisou à ma crevette)
merci Nicolas pour tes nouvelles
RépondreSupprimerChristiane